Activité physique adapté et Cancer: une bonne idée!

Par Benjamin Aebischer (MSc APA) et Raphaël Nguyen (PhD Lifescience), METICS Santé & Performance

Inactivité et traitement contre un cancer

Les bénéfices d’une activité physique (AP) régulière sur la santé ne sont plus à démontrer. Mais nous pouvons nous demander si cela est également vrai pendant/ après un traitement contre le cancer.Les traitements contre les cancers sont lourds à suivre et ont de grosses conséquences, tant au niveau physique que mental. Les patients ressentent souvent une sensation de fatigue persistante, et voient leur corps et leurs sensations changer. Ces éléments peuvent donc facilement amener à l’inactivité et à la sédentarité (Robertson et al., 2002). Des études ont montré que 48 à 74% des patients atteints de cancer ne suivent pas les recommandations de la pratique d’AP.

Les conséquences qui suivent cet état de fait sont les suivantes : une diminution des capacités cardiorespiratoires (baisse de 30% de VO2Pic), une perte de masse musculaire (jusqu’à une baisse de 30%), une diminution de la mobilité articulaire. Le sujet est ainsi amené à une perte progressive d’indépendance (Institut national du cancer).  De plus, le personnel soignant et l’entourage sont souvent enclins à (sur)protéger la personne traitée, ce qui contribue également à l’inactivité et au sédentarisme, et donc à la perte d’indépendance.

Par ailleurs, les statistiques montrent que 30 ans après avoir été diagnostiqués d’un cancer, 73% des cas rencontrent un problème de santé chronique, dont 42 avec une forme sévère mettant en danger la vie (Nathan et al., 2008). Et ceci n’est pas uniquement du fait des effets secondaires du traitement, mais aussi en partie dû à l’inactivité qui est souvent de mise après/pendant le traitement.

Dans quelles mesures pratiquer une AP régulière peut contrer ces effets négatifs? Peut-on en faire pendant le traitement ? Ou est-il préférable d’attendre qu’il soit terminé ?

Les résultats ont révélé un impact positif autant sur les aspects physiques que mentaux : des gains ont été observés au niveau fonctionnel (par une perte de poids et par une amélioration de la mobilité articulaire), au niveau de l’endurance (+11% VO2pic) et également au niveau de la masse musculaire (gain de 20 à 30%). L’entraînement aura donc un impact positif pour prévenir les risques de développer une maladie chronique.

Au niveau du mental, de manière générale, le patient reconnaît se sentir mieux. Ces résultats sont déjà observables après 6 à 8 semaines d’entraînement. Cependant, les patients doivent être encadrés par des professionnels et les exercices adaptés pour que les intensités et les volumes d’entraînements soient conformes aux dispositions physiques de la personne concernée. De plus, les résultats ont en général un impact plus grand si le programme d’entraînement s’est déroulé durant le traitement.

Enfin, les études montrent une association positive entre l’AP, pratiquée avant ou après le diagnostic, et la réduction de la mortalité et du risque de récidive. Il est à souligner qu’aucune étude n’a montré un impact défavorable. En termes de chiffres, chez des personnes atteintes du cancer du sein, une méta-analyse a révélé que la pratique de l’AP après diagnostic du cancer est associée à une réduction de la mortalité globale de 41% et du risque de récidive de 24% (Ibrahim EM et al., 2011). Des résultats similaires ont été découvert pour le cancer du côlon-rectum (Des Guetz G et al., 2013) et pour le cancer de la prostate (Bonn SE et al., 2015), notamment.

Ces différentes études ont expérimenté plusieurs programmes mettant en jeu des exercices de musculations simples, des exercices de souplesse, d’équilibre et d’endurance. Aucun impact négatif n’a été trouvé, mais il est important que les entraînements soient bien encadrés et adaptés.

En conclusion, les études semblent révéler qu’une activité régulière aura un impact positif sur les patients atteints de cancer. Il semble également que plus les entraînements sont mis en place tôt après le diagnostic de la maladie, meilleurs seront les résultats. La connaissance des changements d’état d’un patient en cours ou après un traitement du cancer est cependant un aspect important pour programmer un entraînement qui soit bien adapté à chaque personne. Il est également important de mentionner le fait que les activités physiques n’auront pas le même effet sur tous les cancers. Consulter un professionnel du domaine du sport et de la santé semble donc être un élément important dans la mise en place d’un programme d’entraînement.

 

Sources :

Robertson et al., Rehabilitation and development after childhood cancer: can the need for physical exercice be met? Pédiatr Rehbil 2002;5(4):235-40

Bénéfices de l’Activité Physique pendant et après Cancer : Des Connaissances scientifiques aux Repères pratiques, Institut national du Cancer, Bigard Xavier, France, mars 2017, p21

Nathan et al., Medical Care in Long-Term Survivors of Childhood Cancer: A Report From the Childhood Cancer Survivor Study, JCO 2008; 27(26):4401-9

Ibrahim EM, Al-Homaidh A. Physical activity and survival after breast cancer diagnosis: meta-analysis of published studies. Medical oncology. 2011 Sep;28(3):753-65

Des Guetz G, Uzzan B, Bouillet T, Nicolas P, Chouahnia K, Zelek L, et al. Impact of phyisical activity on cancer-specific and overall survival of patients with colorectal cancer. Gastroenterolgy research and practice. 2013;2013:340851.

Bonn SE, Sjoalander A, Lagerros YT, Wiklund F, Stattin P, Holmberg E, et al. Physical activity and survival among men diagnosed with prostate cancer. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev. 2015 Jan;24(1):57-64.